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 Cri du coeur

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Cassis~Little Fox~
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Cassis~Little Fox~


Nombre de messages : 48
Date d'inscription : 29/09/2007

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MessageSujet: Cri du coeur   Cri du coeur EmptyDim 30 Sep - 12:32

Comme c'était beaucoup trop court pour être une nouvelle et que c'est un one-shot, j'ai préféré le mettre ici. C'est un texte assez spécial, je ne l'ai pas relu ni corrigé. Je vous offre ce premier jet parce que je lle trouve bien comme ça même si le sujet peut en choquer plus d'un. Voilà, âmes sensibles s'abstenir.

______________


Son cœur se serre. La porte au bout du couloir parait si loin. Derrière cette porte, elle sait que la douleur l’attend. Si seulement elle pouvait faire marche arrière. Mais il est déjà trop tard. Le néon au plafond clignote. Lorsqu’elle inspire un grand coup pour se donner du courage, ses oreilles se mettent à bourdonner. Comme si le temps ralentissait, elle sent son pied se mouvoir avec une lenteur absolue. Quand elle repose enfin son pied, elle se tient juste devant le battant. C’est comme si le temps s’était arrêté et qu’elle s’était déplacée sans s’en rendre compte. Elle pose sa main sur la poignée. A cet instant, elle se compte qu’elle retient son souffle et que son cœur est sur le point de lui arracher les côtes. Le métal sous ses doigts est glacé. Le chuintement de la poignée semble résonner non seulement contre les parois de son crâne mais également contre les murs. L’écho se répète à l’infini, comme s’il voulait que le silence pesant s’allège quelque peu. Les gonds grincent sourdement. Un rai de lumière se dessine sur le sol poussiéreux. La pièce est plongée dans le noir.

Elle s’avance, ses pas crissent sur le sol. Elle se glisse dans le mince entrebâillement et tâtonne fébrilement sur le mur. L’interrupteur claque comme un coup de tonnerre dans le silence revenu et la subite lumière crue de l’ampoule nue explose et aveugle. Une table trône au centre de la pièce aux murs squalides, suintants et crasseux. Elle s’approche, le sang battant à ses tempes. Une grande enveloppe blanche est posée sur ce qui semble être une sacoche. Elle tend la main et ses doigts effleurent le papier. Elle hésite. Elle replie le bras, ne sachant quoi faire. Poussée par la curiosité, elle prend le pli, le tourne et le retourne pour l’observer sous toutes ses coutures. Rien. Pas un mot, ni une inscription quelle qu’elle soit. Elle essaie de lire à travers le papier. Sans résultat. Elle finit par décoller doucement la languette triangulaire, comme s’il s’agissait d’un bien précieux, un objet que l’on ne doit pas abimer. Elle jette un œil à l’intérieur. Juste une feuille pliée en deux. Elle la déplie.

Eurielle

Si je t’ai fait venir ici, c’est que je veux t’offrir ce que personne d’autre ne pourra jamais.
Je veux t’offrir une chance unique.
Ce qu’aucune justice ne pourra pour toi, je le fais. Car je sais que même si la blessure au fond de toi ne peut pas complètement guérir, mon geste peut apaiser ta douleur.
Si tu n’en as pas le cœur, tu peux partir dès maintenant.
Cependant, tu laisserais passer ta seule occasion de rééquilibrer la balance. La possibilité de te rendre justice est là, à portée de main. Ne la gâche pas.
Je respecterai ta décision. A présent est venue pour toi, l’heure du choix.
Et surtout, ne regrette rien.



Elle pose le mot. Il n’est pas signé mais elle se fiche pas mal de savoir qui peut bien en être l’auteur. Rien n’est explicite dans cette lettre. Mais elle sait. La douleur l’attend. Mais elle a déjà tant souffert que cela lui importe peu. Elle sait. Depuis ce coup de téléphone étrange. Une simple invitation d’un inconnu sur son répondeur. Un tournant décisif pour elle se dessinait derrière ce message. A présent, elle fixe intensément la sacoche. Une banale sacoche. Ses mains tremblent. D’appréhension, d’excitation. Comment pourrait-elle refuser une telle proposition. La douleur ne cesserait certes pas, mais il y aurait ce soulagement intense. Quelque chose brille sous la lumière de l’ampoule. Un sublime éclat métallique. C’est une dague. Un objet de collection certainement. Une lame dont la superbe tranche étonnement dans ce décor sale et visqueux. La lame est tellement fine qu’elle peut mirer son reflet sur l’acier du poignard. Elle est comme subjuguée par cet objet qui lui donnera une joie, mince, mais si ardemment souhaitée. De l’autre côté de la table, une seconde porte lui fait face. Elle progresse lentement pour y parvenir, comme si brusquer sa marche risquait de faire fuir ce qui l’attend derrière ce battant. Elle tourne la poignée et le temps s’étire à nouveau. Les secondes s’écoulent comme des heures entières. Ses muscles sont tendus. Son souffle se suspend. Elle entend à peine le bruit sourd qu’émettent les gonds.

Enfin. Elle est précipitée dans la géhenne, encore une fois. Une multitude de sentiments se confondent sur son visage dont les traits changent et se meuvent tels les ondoiements de à la surface de l’eau. Haine, joie, peur, honte, dégout, folie, chagrin…Tout est confus en elle. Elle n’y croit pas. Il est là. Il est bien là. Ce monstre qu’elle reconnaitrait entre mille. Il est mal rasé, il pue, il est pâle et semble affolé. Il est assis, pieds et poings liés. Pas d’échappatoire. Elle se glisse près de lui. Sa main frémit alors qu’elle fait danser la dague sous ses yeux. Elle trace les premières estafilades. A l’instar d’un peintre qui donne les premiers coups de pinceau. Une lueur démente fait scintiller ses yeux.

Elle jubile presque tant c’est jouissif. Des orbes cinabres explosent autour d’elle. Les rôles sont inversés. C’est elle le bourreau, c’est lui la victime. Elle lui rend au centuple tout ce qu’elle a pu, tout ce qu’elle a dû endurer jusqu’à présent. Son bras se lève et s’abaisse sans cesse, la pluie de coups ne semble pas vouloir se tarir. Sous elle, ne reste plus qu’un océan incarnat.

Son visage est constellé de tâches carmines. Sa peau en ressort plus ivoirin que jamais. Elle git sur le flanc, comme vidée de son essence. Elle a fait ce qu’elle devait faire. On lui a livré sur un plateau d’argent le serpent qui avait osé la souiller. Et présentement, sa vengeance est consumée. Il ne lui reste plus rien. Un chatoiement nacarat attire son attention. Elle n’est plus qu’une coquille fissurée. L’habite un dernier et ultime désir. Pour la dernière fois, elle ferme les yeux. L’instant d’après, elle ignore son corps qui s’affaisse mollement, dans un bruissement d’étoffe. Seul le tintement de la lame ensanglantée répond à son adieu silencieux.
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