Evasion
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 Autremonde

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Snow
Grand loup cherchant après sa queue
Snow


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MessageSujet: Autremonde   Autremonde EmptySam 29 Sep - 13:22

Bon, on va tenter un nouveau truc, dont je ne garanti rien, mais bon... Je vous présente "Autremonde"! On verra bien pour la suite... (Ceci est déjà la 2eme version du prologue)

Prologue: le Tombeau des pères


Les étoiles brillent dans le ciel, la nuit est claire, et la lune brille de tous ses feux, illuminant la campagne d’un linceul de lumière… Dans le village, les habitants font la fête, boivent, dansent, chantent, attendent minuit, le début d’une nouvelle année… Dans quelques minutes, les feux d’artifice vont embraser le ciel, libérant des centaines de milliers d’étincelles, pour signifier la joie de l’an neuf… Les sapins de noël croulent sous les guirlandes et les boules, les convives trinquent à la santé d’untel ou d’un autre… Les amoureux s’embrassent et s’aiment dans la douceur de leur chambre… C’est une nuit de joie pour le monde…

Il y a une gare, dans un petit village de la France profonde, un petit village qu’on retrouve rarement sur les cartes, tellement petit qu’un seul train y passe par jour … Mais ce soir est différent des autres soirs, des autres jours… Ce soir le train vient chercher un homme… Il est là, debout, dans la clarté de la lune, et il attend sont train… A côté de lui se découpent deux silhouettes, dont celle d’un enfant, blafard dans la lumière de l’astre de nuit… L’autre est une femme, elle a les larmes aux yeux, elle parle à l’homme…

Dans le lointain, on entend les tintements de cloches qui précèdent l’annonce des heures, et déjà le bourdon se fait entendre : Dong… « Reste, je t’en supplie, tu n’es pas obligé de partir » dit la femme à l’homme. Dong… Si, il y est obligé, il le doit, et il le dit à sa femme… Dong… Des larmes continuent à rouler dans ses yeux… Dong… « Non, nous pouvons rester ensemble et être heureux, toi, moi, et notre fils » Dong… « J’ai attendu trop longtemps, il devra me suivre quand il sera prêt… Si j’étais resté moins longtemps, il n’aurait peut-être pas eu à subir ça… » Dong… « Non ! Je refuse ! Je t’aime, et je ne veux pas que tu partes ! » Dong… « Je n’ai pas le choix, j’ai enfreint la Loi… Il me faut payer ma dette » Dong… « Mais comment vais-je faire, sans toi ? » Dong… « Tu trouveras quelqu’un d’autre, qui t’aimeras et que tu aimeras… Et qui prendra soin de notre fils, jusqu’à ce qu’il puisse me suivre… Ce que j’espère qu’il ne devra pas faire… » Dong… « Reste ! » Dong… « Tu sais bien que c’est impossible, je te l’ai déjà expliqué une centaine de fois… Ca devait arriver… » Dong…

L’enfant regarda son père, qui le prit dans ses bras, et lui dit « Un jour tu comprendras, et alors on se retrouvera… En attendant, prends bien soin de ta mère… Je t’aime mon grand » Dong… Dans le lointain se profilèrent les lumières d’un train…

Il prit sa femme dans ses bras, l’embrassa, lui glissa un dernier « Je t’aime ». Le train, un vieux train fantôme, n’ayant plus servi depuis des années, entra en gare, puis s’arrêta dans un immense et horrible crissement de freins… Aucun contrôleur n’en descendit, un seule porte s’ouvrit, laissant le passage à l’homme qui, armé de ses bagages, monta dans le train… Minuit était passé. La porte se referma, masquant la silhouette de l’homme. La femme fondit en larmes, alors que le train s’éloignait dans un bruit de machines, enflammé par les feux d’artifices tirés de toutes parts… La femme s’en retourna avec l’enfant, vers chez eux, un vide au cœur, une peur au ventre…

L’enfant ne devait pas se souvenir de cette nuit…
Snow


Dernière édition par le Dim 30 Sep - 22:44, édité 1 fois
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Snow
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MessageSujet: Re: Autremonde   Autremonde EmptySam 29 Sep - 17:29

Chapitre I: Fal et Obélisques...


Le Soleil embrasait la Place Rouge, et les passants déambulaient à leur aise, un flot constant entrant et sortant du Kremlin ou de la cathédrale Saint-Basile… Assis à la terrasse d’un café, Roland sirotait une bière, la dernière de l’année, car demain, ce serait le premier janvier… il avait visité la capitale de la Sainte Russie de long en large, par les métros superbement ouvragés, les galeries d’art énormes et la mythique Place Rouge… Ce soir, il fêterait le Nouvel An avec ses amis, dans un petit hôtel donnant sur la Moskova… La vie était belle… Seul ombre au tableau, cela allait faire douze ans que son père s’était tué dans un accident de voiture, en revenant d’une soirée de Nouvel An avec sa famille… Roland boirait un verre à sa santé, puis, l’alcool aidant, oublierait et jouirait de la fête, sortirait avec une fille de l’hôtel… Oui, la nuit s’annonçait belle…

Son portable se mit à sonner, découvrant la voix d’un de ses amis, qui lui demandait de revenir vite, la fête allait commencer… Il sourit, promit d’arriver vite, finit sa bière et se leva tranquillement, se dirigeant vers la station de métro la plus proche. Il descendit un escalier, sauta sur le quai, se faufila dans la rame qui partit à toute allure dans les entrailles de la ville. Il changea deux fois de métro puis arriva enfin à la station la plus proche de son hôtel. Il descendit, grimpa les escaliers et voulut sortir à l’air libre.

Subitement, il trébucha sur une masse informe et s’affala sur les pavés de la rue. Il se releva, regarda ce qui l’avait fait trébucher, et vit une vieille femme, petite et replète, aveugle à ce qu’il semblait… Elle lui demanda l’aumône, chose qu’il accepta de mauvaise grâce, puis il partit…

Il fût stoppé par une voix rauque et forte qui l’appela : « Jeune homme ! » Il se retourna et vit la vieille, les yeux révulsés. « Qu’y a-t-il ? » demanda Roland. « Il te faudra passer le Fal, cette nuit, par les Grands Obélisques ! » lui dit-elle. Roland s’avança vers elle, incrédule : « Qu… Quoi ? Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? » « Oui, jeune homme, il te faudra prendre le Train de Minuit, cette nuit, et traverser le Fal ! Il te faut payer la dette de ton père ! Passe le Fal cette nuit ! Voici le ticket qui te permettra de le prendre… N’essaye pas de t’y soustraire, car c’est impossible… Il te faut passer le Fal, comme ton père avant toi…» Roland, décontenancé, ajouta : « Mon père est mort, il n’avait pas de dettes ! » « Si, Roland, il en avait… Pas des dettes d’argent, mais d’autres dettes, bien pire encore… Sois là, à minuit… » Elle lui donna le ticket, puis se rendormit… Roland s’en alla en courant, ne se retournant pas avant d’avoir atteint son hôtel…

Là-bas, il fit la fête, s’enivrant d’alcool, de musique et de filles, puis un de ses amis proposa de sortir pour aller voir les feux d’artifices de la Place Rouge, proposition accueillie avec enthousiasme. Tout le monde descendit donc dans la rue, rejoignant la foule des fêtards… Le cortège vira brutalement à droite, descendit dans une station de métro, pris une des rames, remonta un des escalators et se retrouva dans un immense hall, grand comme Roland n’en avait jamais vu… Ils se séparèrent pour regarder chacun de leur côté, et se perdirent… Roland voulu retourner à la Place Rouge, mais la tête lui tournait et il était incapable d’aligner deux pensées cohérentes… Onze heures sonna, et il se perdit dans le hall, solitaire marchant sans but… Il avança dans l’immense salle, et s’assis sur un banc, plongé dans l’irréalité de l’alcool… Au loin, il entendait les cloches qui sonnèrent le quart, puis la demie, puis les trois-quarts… Le temps n’avait plus prise sur lui, et il entendit alors sonner les douze coups de minuit… Sauf qu’il y avait quelque chose d’illogique : l’horloge sonna treize fois… Au treizième coup, des lumières se profilèrent derrière lui, et il se rendit compte avec stupeur qu’il était assis dos à une voie de chemin de fer, et qu’un vieux train entrait en gare… Il se souvint des paroles de la vieille, alors qu’une porte s’ouvrait dans un des wagon… Poussé par l’alcool, il monta les marches du wagon, qui se refermèrent derrière lui… Le train partit dans un rugissement de machines infernales, dans la lumière des feux d’artifice du Nouvel An… Alors lui vint une phrase, un écho : « Un jour tu comprendras, et alors tu me retrouveras… »

Il avança dans le wagon, remarqua que tous les passagers étaient assoupis, et s’assis sur une des banquette. Au bout d’un moment, il s’endormit, lassé de voir le scintillement des villes par la fenêtre… Il se réveilla, remarqua qu’il était dans une immense gare faite de gigantesques arches de pierre lancés à l’assaut du ciel… Personne ne descendit, il vit juste du monde qui montait, mais personne dans son wagon… Le train quitta la gare, un étrange scintillement entoura les lumières de la ville, puis ce fût la campagne, puis d’autres villes, d’autres campagnes, d’autres voyageurs montant dans le train, personne n’en descendant, personne dans son wagon… Il s’endormit à nouveau…

Quand il se réveilla, il faisait presque jour, le soleil se levait, et il pouvait voir au loin deux immenses obélisques dans la lumière naissante, entourés par quelque chose fait de chaleur, qui faisait trembler l’air et scintiller les images derrière… Le Fal, déduisit-il… Le train continua son chemin pendant une heure, les obélisques grandissant à mesure que le train s’approchait… Enfin il passa les obélisques dans une secousse, roula encore un peu, puis s’immobilisa. Roland se leva, sans un regard en arrière, et s’apprêta, guidé par son intuition, à descendre du wagon…

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MessageSujet: Re: Autremonde   Autremonde EmptyDim 7 Oct - 10:55

Chapitre II: Vegal-Lomas


Roland descendit du wagon…
-Salut, le nouveau ! Bienvenue à toi ! » lança une créature aux oreilles pointues.
-Tu es d’où ? » demanda quelqu’un.
-D’un petit village de la France profonde… » répondit Roland
-Hey ! Un Français ! Ca fait depuis Fusil-Rouge qu’on n’en a pas eu ! »
C’est alors qu’un grondement de tonnerre se fit entendre.
-Nom de… » lâcha la créature aux oreilles pointues, que Roland identifia comme une Elfe. C'est là qu'il commencça à se demander si il ne nageait pas en plein rêve... Ou en plein cauchemar... Elle renversa une espèce de canon qu’elle avait au dos, pour découvrir un bazooka qu’elle arma, pendant que quelqu’un donnait un pistolet à Roland. « J’espère que tu sais t’en servir… » lui dit-elle. Ils coururent tous loin du train, alors que ce dernier faisait marche arrière, loin du tumulte des balles sifflantes… Roland suivit, toujours aussi surpris de trouver des Elfes portant pistolets ou lance-roquettes, ne faisant attention au paysage que d’une façon limitée. Il remarqua qu’il était dans une ville, assez grande, de un ou deux millions d’habitants… Enfin, à son heure de gloire, car ce qu’il restait n’était que ruines… Il courut donc, se planqua à la suite des autres derrière le coin d’un bâtiment.
-Ellenor, couvre-moi ! Talia, recharge ! » lança l’Elfe.
Deux autres exécutèrent ses ordres, et, presqu’aussitôt, l’Elfe tira une roquette vers les assaillants, qui explosa dans un immense bruit de tonnerre.
-Tu l’as raté ! » railla un des hommes.
-Je sais ! Mais il n’en a plus pour longtemps ! »
Roland se risqua :
-Sur quoi elle tire ? » demanda-t-il.
-Sur un char d’assaut, mené par un Chevalier Noir. » répondit un des autres.
-Et vous le voyez où ?
-Là-bas, derrière la fumée…
Et alors Roland vit le char d’assaut. Un immonde entrelacs de métal tordu, brisé, fondu, dans une horrible parodie des tanks de son monde. Soudain, il vit le canon cracher du feu. C'est alors qu'il comprit que le rêve tournerait vite au cauchemar...
BLAM !
Un obus avait atterri derrière eux, creusant un trou béant dans le mur d’un des immeubles. L’Elfe continuait à tirer ses roquettes, qui entaillèrent sérieusement le char monstrueux.
-A l’assaut ! » lança quelqu’un.
Tous suivirent, qui armé d’un M-16, qui d’un couteau, qui d’un katana, qui d’une arbalète, et coururent vers le char. Se déroula alors un corps à corps sanglant, dans lequel Roland ne pénétra que de façon limitée, se cachant et esquivant les balles perdues en s’accroupissant. C’est alors qu’un de ses adversaires le vit, le mit en joue, et tira. Trrrrra ! Trrrrra ! Les balles sifflèrent au dessus de sa tête, le manquant de peu. Il se planqua derrière un tas de gravats, et mit le tireur en joue, puis déchargea la moitié de son chargeur. Blam ! Blam ! Blam ! Blam ! Par miracle, une des balles atteignit la jambe de l’autre, qui s’effondra. Roland s’approcha, mit l’homme en joue, à bout portant. « Arrête, lui dit l’homme, j’ai une famille, des enfants, ils ont besoin de moi ». Roland hésita, vit les yeux implorant de l’homme, baissa son arme.
-Famille, mon œil ! » railla celui qui s’appelait Ellenor, et il lui tira une balle dans la tête.
-Prend son arme, ça pourra te servir. » Et Ellenor s’en alla, voir si les autres étaient
blessés.

***


Roland rejoignit le reste de la troupe, près des débris du char d’assaut.
-Hey, le nouveau ! Faut jamais les écouter, personne n’a de famille, ici… » lança l’Elfe.
-Faudrait peut-être lui faire les présentations, non ? » ajouta l’homme au katana.
-Ouais… Je suis Talia, Haut-Elfe des forêts du Nord, experte en maniement des munitions, et des couteaux…
-Capable de vous dégommer un poulet à 400 mètres ! C’est la meilleure ! Je me présente : Ellenor, couvreur, dézingueur, et tireur d’élite… Je serai pas tout le temps derrière toi, faudra que t’apprennes que savoir tirer sur une cible n’est pas tout… »
-Il a raison… » ajouta l’Elfe. « Ragnarok, pour te servir… Maîtresse des bombes, des roquettes et des grenades, experte en explosifs de tous types… »
-Wen-Zu, Samouraï » dit l’homme au katana.
-Drogal, Nain à la Hache. Rien de mieux pour la bataille… » ajouta un Nain, que Roland n’avait pas encore vu.
-Arnaud, mécanicien à temps partiel, capable de vous démonter un camion et de vous en faire un bunker, accessoirement arbalétrier… Et toi, tu es qui ?
-Euh… » répondit Roland. « Roland, de France, sans compétences particulières… »
-Quoi, rien de rien ? » lança Drogal.
-Rien. »
-Par ma barbe, faudra arranger ça ! »
Roland les dévisagea tous tour à tour : Talia, l’Elfe aux couteaux ; Ellenor, une espèce de chevalier Moyenâgeux armé d’un M-16 ; Wen-Zu, le Samouraï ; Drogal, un Nain barbu comme dans les livres, armé d’une longue hache sûrement dévastatrice ; Arnaud, l’Humain aux arbalètes ; et Ragnarok, une superbe Elfe armée d’un bazooka, et de quelques kilos d’explosifs… Ils avaient parlé en marchant, et étaient arrivé à un bâtiment qui semblait encore plus ou moins en état, pas trop délabré, bâtiment dans lequel ils entrèrent. Le Nain tira d’une cache des verres et des tasses dépareillés, et en tendis une à chacun. Il prit ensuite une bouteille remplie d’un liquide ambré, et entreprit de servir tout le monde, une rasade à chacun.
-Buvons à Roland, et à nos morts. » trinqua Ellenor.
-Nos morts ? Mais personne n’est mort, je crois. » s’interrogea Roland.
-Pas cette fois-ci, mais nous avons eu de la chance… Une des roquettes a tué le Chevalier Noir, ses troupes ont fui lorsqu’elles l’ont vu mourir… » répondit Talia. « Nous n’avons eu qu’à en achever quelques uns… Nous n’avons pas toujours eu cette chance… Parfois plusieurs des nôtres restent sur le carreau… C’est à leur santé que nous trinquons… » Elle vida son verre d’une traite.
-Eh oui, Roland… Bienvenue au Terminus… Bienvenue à Vegal-Lomas… » ajouta Ragnarok.

Snow


Excusez pour le retard, mais j'ai pas été chez moi du week-end... J'ai posté le plus tôt que j'ai pu...
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MessageSujet: Re: Autremonde   Autremonde EmptySam 13 Oct - 12:32

Chapitre III : Forteresses et départs.


-Ouais, bienvenue à Vegal-Lomas… On l’appelle aussi le Terminus… C’est ici qu’arrive le Train de Minuit, qu’on appelle aussi Faratar… » compléta Talia.
-Faratar ? » demanda Roland.
-Ouais, c’est son nom. » ajouta Arnaud.
-D’accord… Et vous venez d’où, tous ? »
-D’abord, commença Ellenor, ce que tu dois savoir, c’est qu’on ne vient pas tous de ton monde. Certains sont nés ici, comme Talia, Ragnarok ou Drogal… Arnaud et Wen-Zu viennent de ton monde, eux… Comment ça se fait, on n’en sait rien… Ce qu’on sait, c’est que Faratar amène des hommes et des femmes, qui descendent de notre côté ou de l’autre, et qu’une escouade de combattants les prend en charge, pour les mener à Néodelf, afin qu’ils reçoivent la bénédiction et la prédiction du Runier… »
-Le Runier ? »
-Le Runier. Une sorte de prophète-oracle-devin, qui lit dans les Runes… » précisa Talia. « Tu le rencontreras bientôt, fais-nous confiance… »
-Et ceux qui nous ont attaqués ? »
-Takona. » cracha Wen-Zu.
-Qui ? »
-Takona, un des premiers à être arrivé ici. Lors de la première arrivée de Faratar à Vegal-Lomas, selon la légende. Il a fondé une forteresse dans le sud lointain, d’où il envoie des raids pour essayer de nous tuer… Je te dis, on a eu de la chance, cette fois-ci. Ragnarok ne l’aurait pas démonté en ce temps record, on y serait tous resté… Il n’a jamais attaqué si près de Faratar, cependant… Il faudra signaler ça en arrivant à Néodelf. » ajouta Ellenor.
-Et ici, nous sommes en sécurité ? »
-Oui, il n’osera jamais nous attaquer ci, nous sommes bien trop, et il le sait… Nous avons des tireurs d’élite embusqués à chaque point dominant de la ville… »
Le temps avait passé très vite, et Roland se rendit vite compte qu’il avait très faim, ce qu’il signala. Ellenor lui passa des rations de voyages, qu’il mangea avidement. De temps en temps, Talia, Ragnarok ou un autre sortait faire un tour dehors, revenant une heure ou deux après. Arnaud s’absenta sur la demande d’un inconnu, qui salua Roland d’un « Bienvenue au Terminus ! », et qui sorti à la suite du mécano. Arnaud ne revint que plusieurs heures plus tard, les mains et les avant-bras barbouillés de cambouis. « Jeep en panne » fût son seul commentaire.

De temps en temps retentissaient les bruits d’une fusillade, étouffés par la distance. Mis à part cela, tout le monde restait silencieux, la main à la gâchette, sur le qui-vive. On aurait dit que Vegal-Lomas était en état de siège. Pendant deux heures, il y eut des fusillades et des explosions lointaines. Peu après, un messager signala une attaque de Takona sur un des quartiers du sud, qui avait heureusement été repoussée. La nuit commença à tomber, et Ellenor donna à Roland des couvertures, un oreiller et une paillasse pour dormir. Ils mangèrent des rations, puis discutèrent un peu, et s’endormirent vite, Ellenor ayant reçu un ordre de mouvement vers le nord, vers une ville appelée Tilos.

***


Ils se mirent en route le lendemain dés la tombée du jour, après avoir fait leur paquetage, Roland récupérant ce qu’Ellenor lui avait donné, mettant tout dans un sac de voyage, lui aussi offert par Ellenor.
-Ou va-t-on ? demanda Roland.
-Vers le nord, loin, très loin vers le nord. » lui répondit Talia.
-Et Tilos, alors ?
-C’est sur la route…
Ils se mirent à marcher, arpentant les rues de la grande ville. De temps en temps, Roland pouvait voir des ruines encore fumantes, seules traces de l’attaque de la veille. Les immenses immeubles étaient délabrés, les devantures des magasins depuis longtemps brisées et pillées, le mobilier gisant brisé sur le sol. De temps en temps, comme la veille, Roland pouvait entendre les rafales des mitraillettes, tirées de l’autre côté de la ville. Il aperçut également des ombres qui se déplaçaient à la périphérie de son champ de vision. Quand il questionna les autres à propos de ça, Talia lui répondit que c’était des loups, qui venaient chercher dans les ruines ce qu’ils ne trouvaient pas dans les forêts. Ils continuèrent à marcher, sur l’asphalte de Vegal-Lomas, jusqu’à ce que le soleil soit à son plus haut point, alors Ellenor fit halte, et les autres avec lui, pour manger leurs rations de midi. Ils reprirent la route peu après, laissant de plus en plus de distance entre eux et le centre de la ville.

Ils sortirent de la ville comme le soleil se couchait, et ce fût avec soulagement que la halte arriva, dans une maison moins délabrée que les autres. Ce fût une nuit calme, sauf lorsqu’un coursier passa en coup de vent au milieu de la nuit pour apporter des nouvelles vers le nord. Ils se réveillèrent le lendemain de bonne heure, et reprirent la route.
-Dis, c’est encore loin Tilos ? » demanda Roland.
-Environ deux cents cinquante kilomètres. On pourrait y être en douze jours. » répondit Arnaud.
-Ah ? Parce que c’est pas sûr ? »
-Jamais. » ajouta Wen-Zu.
-Ce soir, on arrivera à un entrepôt, une sorte de refuge dans la campagne, où l’on refera le plein de munitions, de rations, et où l’on prendra un camion pour aller plus vite. » ajouta Ellenor.
-Cool. » se ravit Roland.
-Ouais… C’est sans compter tous les pépins qu’on va pouvoir rencontrer… La route n’est pas sûre, d’ici à Tilos… On trouve de drôle de bestioles… Dragons, Léviathans, Méduses, Gorgones… On trouve de tout… Et plus tu montes vers le nord, pire c’est… » finit Drogal, ce qui conclut la discussion, bien que Roland aie encore des centaines de questions…
Mais Ellenor et Talia étaient déjà repartis sur la façon dont s’était déroulée l’attaque de l’avant-veille, et à s’interroger sur la raison d’une telle attaque si près de Faratar.
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MessageSujet: Re: Autremonde   Autremonde EmptySam 20 Oct - 14:23

Chapitre IV : Le sang et l’airain…


La marche continua toute la journée du lendemain, dans la campagne autour de Vegal-Lomas, dont on pouvait encore apercevoir les ruines dans le lointain. Cela faisait longtemps que les canons s’étaient tus, et que la ville, en apparence du moins, sommeillait, paisible. Mais Ellenor, Talia, Roland et tous les autres savaient qu’il n’en était rien, que les quartiers du sud de la ville continuaient à subir de nombreuses attaques, ce que confirmaient les messagers qui les dépassaient souvent à cheval, leur laissant au passage des bribes d’informations. Ils apprirent ainsi que les troupes stationnées dans la ville tenaient bon, reprenant une heure ce qu’elles avaient perdu celle d’avant. Mais la situation s’annonçait tout de même critique, car il n’y aurait bientôt plus assez de combattants dans la ville, en dépit des renforts qu’elle semblait recevoir chaque jour du nord.
Roland apprit que les Nains étaient là depuis toujours, et avaient toujours refusé d’utiliser les armes modernes apportées par Takona, se fiant à leurs armures presque aussi solide que le diamant, et assez légères pour être portées. Ils préféraient se jeter dans la mêlée, les balles ennemies rebondissant sur leurs carapaces, et faire tournoyer leurs haches selon leur style de combat ancestral. En général, un régiment de Nains faisait des ravages dans les lignes ennemies.
Les Elfes, quant à eux, s’étaient petit à petit laissés tentés par la technologie, et avaient faits leurs l’utilisation d’armes destructrices comme les lance-roquettes, lance-flammes, et autres canons et mortiers… Eux étaient surtout utilisés derrière les lignes en tant que soutien pour créer une brèche dans laquelle les Nains pouvaient s’engouffrer.
A côté de ceux-là, les Humains, étrangers à Autremonde, arrivant tous avec Faratar, étaient, eux, devenus très polyvalents, comme l’attestaient Wen-Zu, qui fondait dans les batailles avec la grâce meurtrière d’un cygne, et Arnaud, qui faisait efficacement et discrètement son boulot de mécano.
La marche continuait, révélant des villages tantôt intacts, tantôt dévastés. De temps en temps le terrain découvrait aussi d’anciens champs de bataille, aux canons silencieux tournés vers le ciel, entourés de tranchées vides et, de temps à autres, des croix de bois, s’alignant parfois par centaines. Roland apprit que la guerre faisait rage depuis très longtemps, et que de nombreuses armées avaient sillonné Autremonde, des décennies voire des siècles auparavant.
Il y avait aussi un chuchotement dans la compagnie, une menace sourde. Tous se retournaient assez souvent, aux aguets, comme si un ennemi invisible les suivait à distance, se cachant sans cesse. Pourtant ils ne voyaient jamais rien. Lorsque Roland les questionna, ils lui parlèrent d’autres ennemis, des créatures puissantes, des dragons, des hydres et d’autres encore, bien plus effrayants, dont ils ne connaissaient pas le nom. Ils progressaient lentement vers le nord, parmi d’anciens champs envahis d’herbes folles, d’anciennes forêts depuis longtemps abandonnées par les hommes, arborant des couleurs d’automne, rouge, brun et jaune, comme si l’hiver avait du retard dans ce pays, mais que son avance, bien que lente, était inexorable et inflexible. Ellenor partait souvent en éclaireur sur les flancs et l’avant de la compagnie, mais il ne voyait jamais rien.
Ils arrivèrent à l’entrepôt longtemps après le coucher du soleil, et ils furent reçus comme des militaires en campagne, lorsque les hommes assurant la garde apprirent leur destination. Ragnarok retrouva une de ses amies, avec qui elle parla longtemps, jusqu’à ce qu’Ellenor lui dit d’économiser ses forces pour le lendemain. Talia se chargea du ravitaillement, et de leur trouver un camion pour rallier Tilos, puis Néodelf. Le commandant de l’entrepôt, solidement barricadé par des sacs de sable, accepta de leur donner un camion, à condition de le rendre à Tilos, auquel cas il lui serait ramené directement.
Ils allèrent se coucher peu après leur souper, sachant que la région qu’ils auraient à parcourir le lendemain serait dangereuse, car à partir de l’entrepôt commençait un lieu appelé Marais Rouge, appelé ainsi en raison de la brume rougeâtre qui le recouvrait les trois quarts du temps, et qui ne s’effaçait que pour laisser passer la pluie… La seule route existante traversait le Marais du sud au nord, longue ligne droite de plus de cent-quatre-vingts kilomètres… Enfin, route était un grand mot, car ce n’était qu’une piste de terre battue légèrement surélevée par rapport au Marais, et qui croisait de nombreuses rivières, dans lesquelles il fallait passer à gué… Le camion leur permettrait de faire le trajet en deux jours, plutôt qu’en six.
Cette nuit-là, la première depuis qu’il était arrivé en Autremonde, Roland rêva. Il vit sa famille, ses amis et ses proches porter son deuil, essayant à corps perdu de le retrouver. Il vit les voitures de police, les avis de recherche, les appels à témoins… Et puis, tout devint flou, comme si il regardait au travers du Fal, et sa vision s’estompa, puis il ne vit plus que le noir.
Il rouvrit les yeux, mais autour de lui, il n’y avait que grisaille, cendres, avec une lumière rougeoyante venant de la droite. Il comprit, instinctivement, qu’il était sous terre, et que la lumière était dégagée par de la lave en fusion. Il se leva, s’avança vers la lave, et vit une immense cascade de magma écarlate, brûlant, se déversant dans un bassin immense, quelques mètres plus bas. En bas se trouvait aussi une caverne, éclairée par le feu de la terre. Des dizaines de portes partaient de la caverne, chacune dans une direction différente. Dans le fond, assis sur un immense trône scintillant, se trouvait la statue d’un humain, portant à sa droite une épée, à sa gauche un sceptre de diamant, dans lequel se trouvait un sablier. Roland descendit un escalier, puis s’approcha de la statue, qui devait mesurer entre quinze et vingt mètres de haut, arriva à son pied. C’est alors qu’il vit que l’immense statue était en fait un être fait de rouages et de métal, en une mécanique qui semblait immense et parfaite. Il s’avança jusqu’à toucher l’un des rouages… C’est alors que l’immense mécanique se mit en mouvement : la tête faite d’un métal noir bougea, et des yeux vides regardèrent Roland :
- Qui es-tu, mortel, pour ainsi troubler mon repos? » parla une voix d’outre-tombe, venant de partout dans la caverne.
Roland sursauta, leva la tête et vit les yeux vides qui le regardaient. C’est alors qu’il prit peur et commença à courir, loin de l’être de métal. A ce moment, la créature de fer répéta :
- Qui es-tu, mortel, pour ainsi troubler mon repos ? »
Roland continua à courir, alors que résonnait l’écho des paroles de l’être de métal, qui, inlassablement, répétait ses paroles. Roland choisit une des portes, l’ouvrit, entra dans la pièce, qui n’était autre qu’un grand couloir, dans lequel il courut, et qui, à un moment, tourna à droite, puis à gauche. Puis il y eu un bruit de tonnerre. Roland courut plus vite encore, les mots de l’être de métal tournant sans cesse dans sa tête. Il tourna, retourna, arriva à un croisement. C’est alors qu’il comprit qu’il était perdu. Il était arrivé à un carrefour à cinq branches, avec de longs couloirs semés d’autres croisements dans toutes les directions… Il courut à droite, arrivant à un nouveau carrefour, ou il prit encore à droite… Il continua comme ça pendant longtemps, jusqu’à ce qu’il entende une voix, derrière lui. Il n’eut que le temps de se retourner, sentit une intense douleur à la joue droite, puis tout devint noir.
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MessageSujet: Re: Autremonde   Autremonde EmptySam 27 Oct - 17:21

Intermède I : Réveils.


La couleur rosée des nuages annonçait l’aube proche. Dans le lointain retentit un grand coup de gong, l’écho répétant sans cesse la note cristalline. Il était temps… Les premiers rayons du soleil entrèrent dans la pièce au sommet de l’immense tour. Dans la pièce se trouvait un trône, et assis sur le trône une forme remua, lentement, s’éveillant d’un long sommeil. La forme émergea du sommeil, l’esprit encore embrumé par la fatigue matinale. Elle repoussa le brouillard, se leva, s’approcha de l’entrée. Elle ouvrit la porte, et passa sur le balcon. Dans le lointain, à l’ouest, les montagnes commençaient à se couvrir d’or. Elle vit la neige sous ses pieds, en prit une poignée, en façonna une boule, et la laissa tomber. Elle s’écrasa sur le sol, plusieurs dizaines de mètres plus bas.
Elle rentra dans la salle du trône, regarda un immense sablier fait de diamant, situé au milieu de la pièce, et vit que le sable s’écoulait d’abord vite, puis un peu plus lentement. De temps en temps, un rayon de soleil venait frapper un des grains, et un éclat de lumière apparaissait alors. Au sol étaient gravés de singuliers dessins : des phénix, des loups, des dragons, des serpents, des épées, des haches…
Elraga, car c’était son nom, regarda plus attentivement les dessins sur le sol, s’accroupissant pour mieux voir l’un d’eux. Elle se releva quelque secondes après, satisfaite. Au loin, le gong retentit une seconde fois. Au mur étaient accrochées de nombreuses armes. Elle en prit une, ressemblant étrangement à une faux en or, se retourna, marcha vers le balcon, regarda une dernière fois le soleil levant, comme résonnait l’écho d’un troisième coup de gong.
- Il est temps… » dit-elle.
Et elle sauta dans le vide, volant avec la grâce d’un ange, son arme accrochée dans son dos. Elle atterri au bas de la tour, laissant une légère trace dans la neige. Sans un regard en arrière, elle commença à marcher.

***

Plus loin, beaucoup plus loin vers le sud, dans un immense désert fait de sable, le soleil s’était levé depuis bien longtemps. Le Temple d’Elan Yagol se dressait, solitaire, à moitié enfoui dans les dunes, le vent continuant de le dévorer chaque jour. Dans cette solitude ocre se fit entendre un coup de gong, lointain. Le soleil s’aligna alors dans l’axe de l’entrée du Temple, et frappa de plein fouet la statue dressée en son centre, l’auréolant d’un voile de flammes. A son côté, brillant de mille feux, se tenait une immense épée.
Le gong retentit de nouveau, porté par le vent dévorant. Le soleil continua sa course, et la statue ne fût plus éclairée. Un grand œil de métal s’ouvrit, laissent voir un iris noir comme la nuit. Une main bougea dans un fracas de métal rouillé, agrippant l’immense épée. La statue avança vers l’extérieur, à pas lents. Il arriva au dehors, comme retentissait le troisième coup de gong.
- Il est temps… » gronda Elan Yagol.
Il coinça son épée dans son dos, et se mit à courir, laissant de grandes traces dans le sable, que le vent effaça presqu’aussitôt.

***

La glace environnait le château de toutes parts, et le froid s’insinuait entre les murs et les fenêtres. Dans une des tours, dormait un vieillard, dans une chambre faite d’un lit à baldaquin confortable, d’un coffre pour ranger les habits, et d’un bureau sur lequel étaient rangés nombres de livres et de manuscrits. Les torches sont éteintes, les serviteurs n’étant pas encore venus les changer. L’homme dort, paisiblement, et sa respiration laisse des traînées de vapeur dans l’air de la pièce, qu’il n’a pas voulu chauffer la veille. Les étoiles sont vives, le ciel dégagé. Le soleil est encore loin de se lever, l’est est encore d’un noir d’encre.
Au loin résonne un coup de gong, et le château se met en effervescence. Les gardes gardent, les cuisiniers cuisinent, les veilleurs veillent… Il y a comme une aura de menace sur la forteresse. Un serviteur monte dans la tour et vient réveiller l’homme endormi.
- Seigneur Varos, debout ! »
L’homme remue dans son lit, marmonne des choses incompréhensible, tourne et se retourne, ouvre enfin les yeux. Le serviteur lui présente ses habits, qu’il enfile à la hâte. L’homme suit le serviteur, ils descendent l’escalier, alors que retentit un deuxième coup de gong.
- Ou sont les éclaireurs ? Les réserves ? Que se passe-t-il ? » demande Varos.
- Les éclaireurs ne sont pas encore rentrés, Seigneur. Les réserves sont dans l’entrepôt, nous pouvons tenir plusieurs mois. Nous ne savons pas ce qu’il se passe. »
C’est alors que retentit un troisième coup de gong. Varos se retourne, sent un souffle glacé sur sa nuque, sa peau s’hérisse de chair de poule.
- Il est temps… » s’entendit-il dire.
Pour la première fois de sa vie, Varos a peur.

Car si Varos est de chair et de sang, Elraga et Elan Yagol ne le sont pas.
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MessageSujet: Re: Autremonde   Autremonde EmptySam 3 Nov - 15:16

Chapitre V : Le Marais.


Le soleil venait à peine de se lever, que déjà la compagnie reprenait la route, tous entassés dans le camion prêté par le commandant. Le déjeuner avait été spartiate, constitué de rations de voyage. La compagnie s’était habillée en silence, était entrée dans l’entrepôt, et était montée dans un des camions, le froid de la nuit pas encore totalement dissipé par les rayons du soleil levant.

L’ancienne route s’étendait devant eux telle une longue ligne droite, fermée au loin par un épais mur de brouillard. La progression était rude, la route s’apparentant plus à une chaussée romaine qu’à une autoroute d’asphalte. De plus, l’air se faisait de plus en plus humide à mesure que l’on s’approchait du Marais Rouge, et il devenait difficile de respirer.
Arriva le point où la terre solide qui bordait la route disparaissait au profit d’une fange putride et nauséabonde, entrecoupée ça et là de buttes d’herbe. Au moment où ils passèrent de la terre à la fagne, Ellenor sortit une sorte de grosse mitrailleuse de sous un drap, dans le fond du camion.

Il l’installa à l’arrière, prêt à tire sur tout ce qui pourrait les attaquer. Arnaud conduisait, Talia à ses côtés. Wen-Zu tentait de réparer son armure, qui avait un peu souffert lors du combat de l’avant-veille, tandis que Ragnarok nettoyait nerveusement le canon de son espèce de lance-roquette. Le seul à ne rien faire, avec Roland, était Drogal, sa hache en travers des genoux. Le trajet se déroulait sans encombre, mis à part deux ou trois rivières à passer à gué, et plusieurs trous dans la route, qui forcèrent la compagnie à de longs détours. De temps en temps quelques oiseaux s’envolaient, rares dans cette désolation putride. C’est lors d’un de ces vols qu’Ellenor s’exclama :

- Il y a un truc qui est pas normal, ici. C’est trop calme. »

Il raffermit sa prise sur sa mitrailleuse, alors que Drogal répondait qu’il n’y avait jamais rien ici. Soudain, l’eau sur leur droite commença à bouillonner. Ellenor tourna sa mitrailleuse vers les bouillons, et fit feu. Un déluge de balles s’abattit dans l’eau, fauchant l’herbe sur un mètre carré. Ils attendirent, prudents. Arnaud avait arrêté le camion, et se tenait prêt à redémarrer. Ellenor scruta la vase, et ne discerna rien. Ils reprirent leur route. Ils firent encore vingt mètres.

Soudain, l’air sembla frémir. La seconde d’après, l’air explosa, et un immense mur de flammes se dressa derrière eux. « ROULE ! » gueula Ellenor, ce qu’Arnaud fit. Le camion parti en trombe, comme Ellenor déversait un second déluge de balles derrière eux. C’est alors qu’ils virent une forme humaine se dessiner dans les flammes. La chose les traversa, apparemment insensible à la chaleur.

- Qu’est-ce que c’est que ce truc ? » cria Talia.

- J’en sais rien ! » répondit Ellenor.

Et il fit feu pour la troisième fois. Les balles filèrent, censées porter la mort sur leur passage. Sauf qu’elles ne firent rien à la créature. Ils entendirent une série de coups, rappelant le son du métal sur le métal, mais la créature continua à avancer. « Accélère ! » hurla Talia, comme Ellenor vidait un quatrième chargeur, qui n’eut pas plus d’effets que le précédent. « Nom de… » jura ce dernier. C’est alors que Ragnarok entra dans la danse. « Bouchez vos oreilles, ça va faire mal ! » conseilla-t-elle. Et elle tira une roquette.

Qui explosa dans un bruit de métal tordu et dans une fumée aussi épaisse que le brouillard. Ils continuèrent à avancer, scrutant la brume pour essayer de voir ce qu’il restait de la créature. La fumée se dissipa, ils ne virent plus rien. Poussant un soupir de soulagement, Arnaud ralentit.

- C’était quoi, ça ? demanda Drogal. Ca ne ressemblait à rien de ce que je connais. Même un dragon aurait été mis à terre par une telle salve,
surtout à cette distance. »

- Je ne sais pas, mais en tout cas, Ragnarok l’a détruit. » ajouta Ellenor.

- Non. » le contredit Wen-Zu.

Et il sauta du camion, aussi agile qu’un chat, retombant sabre en main, l’autre au sol, intensément concentré. Il se releva, fit un tour sur lui-même. C’est le moment que choisi la chose pour attaquer. Elle sauta sur Wen-Zu, surgie de nulle part. Le Samouraï esquiva l’assaut, déchaîna son sabre dans une danse meurtrière. S’ensuivit le cliquetis incessant du métal contre le métal, comme l’art du combat du Samouraï se dévoilait dans toute sa splendeur, enchaînant feintes, parades, attaques, à une vitesse telle que les yeux ne pouvaient le suivre. Le métal cognait contre le métal, l’acier contre l’acier, et jamais la créature ne semblait être touchée, alors qu’elle aurait du mourir des coups qui lui étaient infligés.

Soudain la créature en eut marre, et elle donna au guerrier un coup d’une telle puissance qu’il s’envola, retombant lourdement sur la route. Il se releva tant bien que mal, son sabre lui ayant entaillé une jambe. Il reprit son sabre, tenta de remonter dans le camion, y parvint. Ragnarok sourit, impatiente, elle pouvait enfin aligner le monstre. Elle fit feu pour la seconde fois, mais ce fût un filet qui sortit de son canon, et qui alla entourer le monstre, l’emprisonnant de ses mailles métalliques.

Sans s’attarder, l’Elfe rechargea, et tira à nouveau. Cette fois-ci, ce fût une gigantesque explosion qui frappa la créature de plein fouet. Ils s’en allèrent, laissant le monstre de métal sur la route.

La suite du voyage se déroula dans un silence morose, Talia essayant de soigner Wen-Zu, qui avait perdu beaucoup de sang, affaibli, de plus, par son combat contre le monstre. Roland regarda la lame du sabre du Samouraï de plus près, et il vit qu’elle était étonnement émoussée, sauf la pointe, qui gardait encore une trace de sang. Ils ne rencontrèrent plus la créature, et le voyage continua jusqu’à la nuit. Ils s’arrêtèrent au pied d’une immense tour, seule dans le Marais Rouge, appelée la Tour de l’Astronome. Le monstre de métal ne s’étant plus manifesté, ils
supposèrent qu’ils l’avaient détruit.

Bien entendu, ils se trompaient.

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MessageSujet: Re: Autremonde   Autremonde EmptySam 17 Nov - 14:05

Chapitre VI : L’Astronome.


Ils s’approchèrent de la Tour de l’Astronome, qui s’élevait bien au-delà des brumes du Marais Rouge, faite de briques grandes comme des chevaux, gravées de phrases faisant le tour de la Tour et s’élevant jusqu’au ciel avec elle. La porte était de chêne massif, renforcée par de grandes barres de fer forgé, et précédée de trois marches de pierre bleues sur lesquelles veillaient deux immondes gargouilles.

Ellenor frappa à la porte de la Tour. Il y eut un grand bruit de ferrailles, et
elle s’ouvrit. La compagnie entra, prenant soin de ne rien laisser dans le camion. Ils se retrouvèrent dans un immense hall de pierre, avec deux escaliers montant en colimaçon, avec une porte donnant sur l’extérieur de temps en temps. Ils entendirent une porte s’ouvrir au premier étage, et un vieil homme en descendit, l’écho de ses pas se répercutant dans le hall. Il arriva bientôt au niveau de la compagnie.

- Bienvenue ! Bienvenue ! » leur dit-il.

- Salut, Gal !, lança Arnaud. Comment tu vas ? »

- Bien, bien ! J’ai découvert il y a peu une nouvelle galaxie, et je suis en train d’essayer de créer un télescope pour pouvoir mieux l’observer. Elle est fascinante, vous savez. On dirait que c’est une grosse étoile rouge qui en fait le centre et que toutes les autres tournent autour… C’est fascinant !

- Je n’en doute pas… On s’installe à l’endroit habituel ?

- Hein ? Quoi ? Euh, oui, oui, l’endroit habituel, bien sur… ajouta l’Astronome, perdu dans ses pensées. Je vous ferai porter à dîner…

La compagnie suivit Arnaud dans l’un des escaliers, alors que l’Astronome prenait l’autre et montait jusqu’au sommet. Après cinq minutes, ils arrivèrent à une porte, qu’Arnaud ouvrit. Ils découvrirent une pièce remplie de matelas poussiéreux, de couvertures et d’oreillers jetés à la va-vite. Ellenor se pencha, prit de quoi se faire son lit, et s’installa dans un coin. Ils furent plusieurs à l’imiter, s’affairant à la besogne lorsque quelqu’un toqua à la porte. Un petit lutin entra, avec un chapeau pointu, portant un plateau avec de la nourriture.

- Tiens, le vieux Gal n’a pas oublié cette fois-ci ? railla Drogal.

- Non, j’étais là lorsque mon maître a dit qu’il vous ferait porter à manger... répondit le lutin.

- Ouais, c’est ce que je disais, toujours dans les étoiles, le vieux… répliqua Drogal.

Ils prirent rapidement leur souper sur le sol, pendant qu’Arnaud recommandait à Roland de ne pas s’en faire s’il entendait des bruits la nuit, que c’était les instruments de l’Astronome qui tournaient pour regarder les astres. Ensuite la compagnie se coucha sur les matelas, et tous s’endormirent peu à peu…

C’est à peu près vers le milieu de la nuit que Roland fût réveillé par un énorme grondement de machine, amplifié par la résonnance du hall. Il se leva, et, ne prenant pas garde aux recommandations d’Arnaud, se dirigea vers la porte, qu’il ouvrit dans un grincement. Les autres ne semblant pas avoir été réveillés par le bruit, il se mit à grimper les immenses escaliers circulaires. Peu de temps après, il arriva au sommet des escaliers.

C’est alors qu’il réalisa que le lustre éclairant le hall n’était autre qu’un grand planétarium au centre duquel était suspendue une immense lampe, censée figurer le soleil. Autour d’elle se déplaçaient, plus ou moins vite selon la distance à laquelle elles se trouvaient, des sphères de cristal rouge, bleu, noir ou d’autres couleurs encore, figurant les planètes du système solaire. Il remarqua que la sphère représentant Pluton semblait clignoter, grésiller, comme si elle allait s’éteindre bientôt…

Il vit aussi qu’il n’y avait qu’une seule porte, taillée dans le même bois que la porte de la tour. Il marcha vers elle, la poussa et entra. Ce qu’il vit lui coupa le souffle. Un immense télescope se trouvait là, pointé vers l’infini du ciel. Aux murs s’étalaient de grands posters montrant des galaxies, des nébuleuses, des trous noirs et d’autres objets célestes. Du côté opposé au télescope, il y avait une grande bibliothèque, et l’Astronome se trouvait là à consulter un livre. Il se leva, regarda dans le télescope, le fit un peu tourner, ce qui déclencha un immense bruit de machines, le même qu’avait entendu Roland un peu auparavant. L’Astronome revint à sa table, annota quelque chose, puis dit :

- Approche, je ne te mangerai pas…

Roland s’approcha, un peu craintif, empli de respect pour ce temple dédié aux étoiles.

- Ne t’en fais pas, tu n’es pas le premier que la curiosité amène ici… Tous sont venus, Arnaud plusieurs fois… J’imagine que tu as des questions… J’imagine aussi quelle est la première, et elle amènera plus de questions que de réponses…

- Qui êtes-vous ? demanda Roland, confirmant la pensée de l’Astronome.

- Je me nomme Galilée… Gal pour les intimes, Arnaud par exemple…

Roland failli en tomber à la renverse.

- Quoi, le Galilée qui a dit que la Terre tournait autour du Soleil ? L’astronome qui a inventé la lunette de Galilée ? »

- Lui-même… » répondit l’Astronome.

- Co… Comment êtes-vous arrivé ici ? »

- Et bien, comme toi, avec Faratar… »

- Mais vous êtes mort il y a près de trois siècles et demi ! »

- Ai-je l’air si mort que ça ? »

- Euh… Non… Mais ça veut dire que vous avez près de quatre cents ans ? »

- Pour toi, oui… »

- Mais comment ? »

- Je ne sais pas… J’imagine qu’Einstein lui-même n’aurait pas de réponse… Peu importe, je suis là, c’est tout… Avant que tu ne poses d’autres questions, viens avec moi sur la terrasse. »

Roland suivit donc l’Astronome sur une espèce de balcon surplombant le Marais Rouge de très haut, duquel on pouvait voir les étoiles, brillantes comme Roland ne les avait jamais vues. Il s’abandonna un temps à ce spectacle, mais la voix de l’Astronome le ramena à la réalité :

- Elles sont belles n’est-ce pas ? Mais dis-moi, connais-tu tes constellations ? »
- La Grande Ourse doit être quelque part par là… » Roland tourna, la repéra, et pointa son doigt vers la constellation.

- Comme Arnaud, tu la vois… Pour moi, elle est plus par ici »

Il décala le doigt de Roland de quelques centimètres.

- Je ne sais pas pourquoi cela est comme ça, mais cela est… » continua l’Astronome. De quel signe zodiacal es-tu ? »

- Scorpion. »

- Mmmh… Intéressant… Les légendes racontent que les scorpions sont les plus fous des signes, les astres confirment parfois, parfois pas… Peu importe… Tu as vu mon planétarium ?

- Oui, très joli… »

- Tu as vu Pluton, alors… Tu l’as vue s’éteindre ? Chaque mois qui passe elle faiblit, et cela depuis près d’un an… J’ai peur qu’elle s’en aille définitivement… Que les autres faiblissent à leur tour, que mon planétarium cesse d’exister, qu’il n’y ait plus que le soleil. » se lamenta l’Astronome.

- Pourquoi, ce n’est qu’un assemblage de planètes… » répondit Roland.

- Non, c’est bien plus que ça… Il m’a été donné en remerciement pour service rendu, il y a longtemps… Mais peu importe… Toujours est-il que si ce planétarium disparaît, je perds ma raison d’être, donc je disparais… Et cela je ne le veux pas… »

- Ca n’arrivera pas, je vous le promets… »

- Tu ne peux rien faire contre ça, moi non plus… J’ai essayé par tous les moyens, Pluton continue de disparaître… »

- Il y a forcément un moyen, non ? »

- Je ne sais pas, je ne pense pas… Mais va, maintenant… Les lamentations d’un vieillard ne doivent pas te retenir… Va dormir, tu auras un long chemin à faire avant d’arriver… Oui, très long chemin… Va… » le bénit l’Astronome.

Il se remit à ses livres, laissant Roland seul sur le balcon. Il retraversa la pièce, un regard désolé sur l’Astronome, repassa la porte. Lorsqu’il revit le planétarium, il eut une pensée pour Pluton, qui continuait de faiblir, clignotant par à-coups, pour l’Astronome, qui avait peur pour Pluton, pour les étoiles, qui n’aurait plus de raisons d’être sans l’Astronome, et pour lui-même, qui ne saurait plus vivre sans pouvoir regarder les étoiles…

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